Faire vivre les textes et la pensée de Flaubert par la médiation artistique et numérique…
Projet de valorisation scientifique et patrimoniale par la médiation artistique et numérique.
Le Centre Flaubert de l’université de Rouen, composante du CÉRÉdI, a l’habitude d’organiser des colloques et des journées d’études sur les textes de Flaubert, dans des lieux institutionnels « légitimes » et en partenariat, le plus souvent, avec l’Association des Amis de Flaubert et de Maupassant. Nous nous adressons à un public de chercheurs, d’étudiants, d’amateurs éclairés et de passionnés.
Le projet que présente ici Sandra Glatigny, ancienne étudiante de notre Faculté, docteur ès lettres et chercheuse associée au CÉRÉdI, a une autre ambition originale et novatrice : faire sortir Flaubert « dans la rue » pour le rendre visible par des installations d’artistes contemporains. Les Rouennais traversent leur ville marquée par la présence de Flaubert dans le « petit mobilier urbain » ou par les toponymes (avenue Flaubert, pont Flaubert, désormais « carré Flaubert »), mais le nom de « Flaubert » fonctionne ici comme un désignateur familier qu’on ne réfère plus mentalement à l’écrivain. Le projet « Flaubert dans la ville » consiste à « défamiliariser » le nom de Flaubert en lui redonnant une sorte de fraîcheur et d’actualité grâce au regard d’artistes contemporains.
Le Centre Flaubert et le CÉRÉdI soutiennent le projet présenté par Sandra Glatigny, et ils lui donneront un prolongement à la fois universitaire et « grand public » en invitant pour l’occasion des écrivains et des artistes pour lesquels la lecture des œuvres de l’écrivain a joué un rôle déterminant.
Yvan Leclerc, professeur à l’université de Rouen.
FLAUBERT À LA RENCONTRE DE SES HABITANTS
L’histoire de Rouen est inscrite dans l’expérience quotidienne de ses rues et sur ses murs. Les activités industrielles et portuaires, passées et présentes, se mêlent à des symboles prestigieux : par exemple, sur les restes du bûcher de Jeanne d’Arc s’est édifiée une église dont l’architecture moderne évoque un drakkar. Nombreux sont les artistes comme Corneille, Boieldieu ou Duchamp, de dimension internationale, dont on vient chercher la trace prestigieuse à Rouen. Les collectivités ont su préserver et valoriser les sites qui leur sont dédiés. Les touristes peuvent ainsi voyager dans le passé patrimonial, en découvrant les lieux de mémoire littéraires et artistiques.
Le projet « Flaubert dans la ville » se propose de rendre visible le lien qui unit le patrimoine culturel à son environnement. Aux lieux de mémoire s’ajoutera un parcours visuel dans la ville elle-même. Les promenades dans la ville d’aujourd’hui se doublent de balades imaginaires comme celles que l’on peut faire à la lecture de Madame Bovary, en suivant Emma dans ses déambulations rouennaises, ou en lisant La Légende de saint Julien l’Hospitalier, liée à un vitrail de la Cathédrale. Le lecteur est ainsi renvoyé de la réalité au livre, et de sa représentation esthétique à la consistance des choses. Entre les mots de Flaubert et la matérialité de la ville, des images, des inscriptions viendront raviver les souvenirs de lecture du public en lui faisant redécouvrir l’univers riche et complexe de l’écrivain.
Il s’agit également de montrer un autre visage de l’auteur et de mettre au jour l’actualité de sa réflexion. L’image de « l’ermite de Croisset », enfermé dans son cabinet de travail comme dans une tour d’ivoire, n’est que partiellement exacte : Flaubert a aussi été en prise et aux prises avec la réalité de son temps : c’est pour rendre hommage à l’écrivain impliqué dans son époque que notre projet souhaite le faire sortir « dans la rue ». La lecture de la correspondance, des romans, peut donner lieu à une transposition visuelle susceptible de manifester la pensée profondément ironique, anti-bourgeoise et plus largement la révolte de Flaubert contre la bêtise humaine. Cette révolte l’a conduit devant le tribunal pour outrage à la morale publique et religieuse, et à la création du « Garçon », un personnage rabelaisien, un brin potache et profondément polémique, imaginé par le jeune Gustave et ses amis.
Passer par la médiation de l’image a pour but de rafraîchir la portée critique des textes flaubertiens. Synthétique et percutante, l’image peut former une passerelle efficace entre le texte et le public. De fait, les formes d’art urbain s’imposent au regard du promeneur, le surprennent et stimulent sa réflexion.
Faire vivre un auteur dont les œuvres et les discours conservent toute leur actualité en l’inscrivant visuellement dans sa ville natale, c’est plus largement susciter une réflexion sur la place de l’art dans la société actuelle. Les œuvres plastiques et picturales contemporaines ouvrent un espace d’expression et de réflexion autour de ces questions centrales.
DE MULTIPLES SOURCES D’INSPIRATION
La rencontre entre l’imaginaire flaubertien et l’espace urbain offre de multiples possibilités. Qu’il s’agisse des œuvres littéraires (Madame Bovary, Trois contes, La Tentation de saint Antoine) ou des données biographiques, (accessibles notamment grâce à la correspondance), les lieux potentiels ne manquent pas :
Exemple 1 : la rue Eau de Robec dans Madame Bovary
© Eugène Balan, Rue Eau de Robec
Première partie, chapitre 1 :
Sa mère lui choisit une chambre, au quatrième, sur l’Eau de Robec, chez un teinturier de sa connaissance. […]Dans les beaux soirs d’été, à l’heure où les rues tièdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenêtre et s’accoudait. La rivière, qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leurs bras dans l’eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l’air. En face, au delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. Qu’il devait faire bon là-bas ! Quelle fraîcheur sous la hêtraie ! Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu’à lui .
cf. Madame Bovary, Paris, Lévy, 1857, rééd. Rouen, Alinéa, Point de vues, E. Brunet, 2007, p. 45-46.
Pourquoi ne pas mettre en scène Charles à sa fenêtre ou le glorieux passé textile de cette rue ?
Exemple 2 : Le thème de la censure autour du palais de justice
© Plafond de la salle des audiences solennelles, Palais de justice de Rouen
Le procès de Madame Bovary pour “offenses à la morale publique et à la religion” marquera le XIXe siècle. Flaubert est acquitté, mais blâmé. Voici des extraits des attendus du jugement, détaillant les reproches adressés au roman :
« Attendu que Laurent-Pichat, Gustave Flaubert et Pillet sont inculpés d’avoir commis les délits d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ; le premier, comme auteur, en publiant dans le recueil périodique intitulé La Revue de Paris, dont il est directeur gérant, et dans les numéros des 1er et 15 octobre, 1er et 15 novembre, 1er et 15 décembre 1856, un roman intitulé Madame Bovary, Gustave Flaubert et Pillet, comme complices, l’un en fournissant le manuscrit, et l’autre en imprimant ledit roman ;[…]
« Attendu que les passages incriminés, envisagés abstractivement et isolément présentent effectivement soit des expressions, soit des images, soit des tableaux que le bon goût réprouve et qui sont de nature à porter atteinte à de légitimes et honorables susceptibilités ;
« Attendu que les mêmes observations peuvent s’appliquer justement à d’autres passages non définis par l’ordonnance de renvoi et qui, au premier abord, semblent présenter l’exposition de théories qui ne seraient pas moins contraires aux bonnes mœurs, aux institutions, qui sont la base de la société, qu’au respect dû aux cérémonies les plus augustes du culte ;
« Attendu qu’à ces divers titres l’ouvrage déféré au tribunal mérite un blâme sévère, car la mission de la littérature doit être d’orner et de récréer l’esprit en élevant l’intelligence et en épurant les mœurs plus encore que d’imprimer le dégoût du vice en offrant le tableau des désordres qui peuvent exister dans la société. »
La cour du palais de justice peut ménager un espace pour des installations interrogeant les rapports parfois problématiques entre l’art et la morale.
Autres idées d’inspiration
– La Cathédrale : Madame Bovary (le rendez-vous d’Emma et de Léon), La légende de saint Julien L’Hospitalier (Flaubert s’est inspiré de l’un des vitraux (voir www.rouen-histoire.com), Hérodias (voir la danse de Salomé, figurée sur le tympan gauche du portail de la Cathédrale.
– Le théâtre des Arts : dans Madame Bovary, Charles emmène Emma à une représentation de Lucie de Lamermoor de Donizetti.
– La Place Beauvoisine : Léon et Emma, devenus amants, se retrouvent à l’Hôtel de la Croix-Rouge.
– Le lycée Pierre Corneille
– Thème autour du cadavre, de l’autopsie et de la mort d’Emma au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine
(voir www3.chu-rouen.fr/Internet/connaitreCHU/culture/musee_flaubert/)
– Exploitation du buste de Louis Bouilhet devant la bibliothèque municipale.
– La maison de Croisset
– Les perroquets du Musée d’Histoire naturelle et de la maison de Croisset.
PARCOURS ARTISTIQUE
Des artistes contemporains proposent deux parcours uniques pour « défamiliariser » et « re-connaître » Flaubert. Les trajets seront ponctués par une vingtaine d’œuvres dans les lieux présélectionnés suivants (sous réserve d’autorisations officielles) :
Parcours piéton
1) Le Musée Flaubert et l’ancien Hôtel-Dieu
2) Le Palais de Justice
3) La Cathédrale
4) La place des Carmes
5) La rue Eau-de-Robec
9) Le Lycée Corneille
10) Le Musée d’Histoire naturelle
11) La rue Beauvoisine
12) La fontaine et le buste de L. Bouilhet, Bibliothèque Municipale
13) La rue Jeanne d’Arc
14) L’Opéra de Rouen
15) Quais au pied du pont Flaubert
16) Pavillon Flaubert, Croisset
17) Le cimetière monumental
LES ARTISTES ET LEURS PROJETS
Hilaire Hastaire (www.hastaire.com)
Hilaire Hastaire est né à Paris en 1946. Peintre, essayiste, poète et photographe, il compte plusieurs centaines d’expositions personnelles et collectives en différents espaces (galeries, musées, centres d’art contemporain) en Europe, U.S.A., Canada, Japon ou en Corée : Palais de Tokyo, FEMIS (Paris), Musée Goya (Castres), Musée Rimbaud/ Musée de l’Ardenne, Musée d’Art contemporain de Dunkerque, Paris-Séoul, France / Japon, La Galerie (Oslo), L’Embarcadère (Montceau), (Galerie Meyer Le Bihan Paris, 2004, 2006, 2009) Transgressions Renoma (Paris, 2006) Shanghai (Pavillon français, rétrospective 2010). Son œuvre est également présente ou a été présentée dans la plupart des foires d’art internationales.
« Flaubert en ses couleurs »
Auteur d’ouvrages sur des thèmes qui inspirent sa peinture, comme les mythologies, la poésie et la peinture elle-même, Hilaire Hastaire a écrit Flaubert en ses couleurs, en 2008. Proposant des textes et évocations visuelles, il offre alors à Flaubert des habits neufs et livre sa passion pour l’œuvre du romancier et son univers. Dans le cadre de « Flaubert dans la ville », les images de Flaubert seront confrontées aux lieux de vie de l’auteur, permettant d’immerger le passant à la fois dans l’univers du peintre et dans celui de Flaubert lui-même.
David Jouin (www.davidjouin.com)
David Jouin est né à Rennes en 1983, il vit et travaille en Normandie. À la galerie écArt, Osnabrück, en Allemagne, il présente sa première exposition personnelle. Il participe aux événements de La ruche et poursuit son activité dans différentes structures. Il travaille avec l’atelier rouennais du Collectif d’en face et s’est illustré avec l’Association Engrenage dans l’inauguration des jardins d’Albane de la cathédrale de Rouen, avec l’installation vidéo monumentale « H-11940 » en 2012.
« Ellipse »
« L’idée est de reproduire les lignes d’un cahier d’écriture d’écolier à l’encre effaçable. Cette page servira de support pour y écrire un texte de Flaubert à l’effaceur. Le texte apparaîtra par transparence entre les lignes pour révéler l’aspect caché du travail de l’écrivain. J’apprécie particulièrement l’écriture de l’effacement de l’auteur reprenant, raturant, gueulant et réécrivant ses textes. » Cette œuvre autour du geste d’écriture et de sa déconstruction pourrait prendre place du buste de Louis Bouilhet, au niveau de la Bibliothèque municipale Villon. Il s’agit de mettre en scène des mains de personnes âgées tentant de recopier un manuscrit flaubertien sur les pages d’un cahier d’écriture.
Deux possibilités : soit on projette une vidéo à partir d’un vidéoprojecteur placé de l’autre côté de la rue, soit on installe plusieurs télévisions diffusant les vidéos dans le hall de la Bibliothèque (sous réserve autorisation).
Jason Karaindros (http://jasonkaraindros.net)
Né en 1963 à Athènes, Jason Karaindros vit et travaille à Paris, mais enseigne aussi à l’école des Beaux-Arts de Rouen. Il a participé à plusieurs projets en collaboration avec la ville de Rouen comme l’exposition « Rêver Rouen » ou « La maladie de Flaubert » pour laquelle le Frac de Haute-Normandie a présenté plusieurs de ses œuvres. Bien qu’il ne soit pas exclusivement un artiste plastique, Jason Karaindros utilise surtout la sculpture, les installations et la vidéo.
« Les questions de Gustave Flaubert »
Dix citations de Gustave Flaubert « interrogent » la ville et les citoyens de Rouen. Quelques-unes étant déjà en forme de questionnement, d’autres sont transformées en interrogations. Le projet consiste à les disposer dans l’espace public soit en les peignant directement sur le sol des rues piétonnes avec le même type de peinture qu’utilise le service de la voirie, soit par un jeu de projections au sol ou sur des façades avec des projecteurs et des gobos, soit en les incrustant au sol par un jeu de pavés en mosaïques noir et blanc. Qu’ils soient pérennes ou éphémères, ces inscriptions ne laisseraient pas le passant indifférent. Voici quelques exemples :
« De la forme naît l’idée ? »
« L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour çà que le présent nous échappe ? »
« Le doigt de Dieu se fourre partout ? »
« L’amour après tout, n’est qu’une curiosité supérieure, un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte et tête en avant ? »
« Le superflu est le premier des besoins ? »
« L’immortalité de l’âme a été inventée par la peur de mourir ou par le regret des morts ? »
« L’art est la recherche de l’inutile ? »
« La vie doit être une éducation incessante ? Faut-il tout apprendre, depuis parler jusqu’à mourir ? »
« Ce qui n’a pas de sens a un sens supérieur à ce qui en a ? »
« Pour qu’une chose soit intéressante, suffit-il de la regarder longtemps ? »
Une ville qui ne fait pas que d’apporter des réponses à ses citoyens…
Jennifer Mc Kay (http://blog.majane.fr)
Diplômée d’arts plastiques, Jennifer Mac Kay travaille sur la prise de conscience entre le réel et le rêve. De 2010 à 2013, elle a permis au public de découvrir « ses pages d’écriture » dans un ancien salon de toilettage pour chien, rue Beauvoisine à Rouen. Bientôt, elle l’accueillera au 160, rue Beauvoisine, pour de nouvelles expérimentations plastiques. Son processus de création est comme une bobine de fil qu’elle déroule, un détail en amenant un autre, un matériau une nouvelle installation. « Son laboratoire d’humeur et de larmes » né de la collecte d’ex-voto, expressions d’une multitude de sensations physiques et psychiques présente des installations rattachant des objets médicaux à la mystique du corps et de l’âme. Elle propose de mettre en scène dans la rue les « humeurs » de Flaubert et de certains de ses personnages.
Le « corps se tait »
Céline Tanguy
Née en 1969 à Auxerre, Céline Tanguy grandit avec la passion du dessin. Bientôt titulaire d’une licence d’arts plastiques, elle enseigne et organise des ateliers créatifs pour personnes déficientes mentales ou personnes âgées. Parallèlement, elle travaille avec la compagnie des lumières pour laquelle elle crée plusieurs décors de théâtre. Depuis deux ans, elle a repris une formation en art-thérapie et développe ses projets personnels autour du modelage et de la sculpture.
« L’échappée belle »
« Mon intérêt dans ce projet est la trace, les souvenirs qui demeurent de cette lecture effectuée il y a 25 ans, lors de mon adolescence. Comment a survécu cette histoire, qu’en reste t-il ? Qu’ai-je occulté ou gardé ? Quelle transformation s’est opérée entre le temps réel de lecture et aujourd’hui ? La mémoire : a-t-elle comme le rêve fait son travail et opéré une lente métamorphose des événements de l’histoire ?
De la lecture de Madame Bovary, il me reste des murmures évanescents, sortes d’images fugitives, des mots aussi… bribes de vérité mêlées certainement à d’autres choses, à d’autres lectures peut-être.
Un visage de femme, allongé, délicat, rêveur… Emma regardant par la fenêtre… Son ennui, sa solitude… ennui d’un quotidien trop lourd, trop silencieux. Son mari, médecin bourgeois trop présent et absent a la fois… Un miroir, la femme, Emma s’y maquille…
Rêve de petite fille, de princesse, et de prince charmant, de bal : son amant celui du château, soie tissus, éblouissement des richesses du prince… indifférent mais pourtant désiré. Dévaler la colline en courant, s’échapper, fuir, aimer, se brûler… S’échapper du quotidien, de sa réalité, vivre ses rêves, vapeur d’euphorie qui embrume et noircit plus encore ce quotidien.
Un portrait de femme : Une femme enfermée dans sa position d’épouse passive… Une femme qui n’a finalement jamais quitté ses rêves de princesse ? Une femme qui ne supportant plus l’ennui s’est enfuie, échappée du cadre, consumée par sa passion, son rêve de bonheur préfabriqué ? Portrait de femme, sa place, ses rêves, son rôle… »
Collectif NiceArt (http://www.nice-art.net)
Collectif d’artistes pochoiristes, Niceart utilise le pochoir, qu’il décline sur les murs et les palissades de la ville depuis plus de 25 ans. Travaillant sur les auteurs et les écrivains lors de nombreuses expositions, comme De charismes en syllabes à la Bibliothèque de Bobigny, au Centre Culturel Juliobona à Lillebonne, le collectif a illustré Prévert, Rimbaud pour le musée des Archives Nationales et le musée Rimbaud à Charleville-Mézières, Alain Fournier, pour l’Académie du Var, Proust (affiche du Congrès des Amis de Marcel Proust), Colette ou encore Maïakovski.
« Flaubert sur les murs »
Les illustrations pourraient prendre la forme d’une ou deux fresques murales sur Flaubert, à réaliser en public lors d’une performance sur un support choisi en accord avec la ville de Rouen, d’un ou de plusieurs portraits au pochoir qui pourraient baliser des itinéraires, ainsi que d’une fresque de perroquets. Certains lieux pourraient accueillir des dalles calcaires, d’autres des reverse graffitis c’est-à-dire des pochoirs dépolluants.
Gaspard Lieb (gaspardlieb.blog.free.fr)
Gaspard Lieb est né à Créteil en 1975, il vit et travaille en Normandie. Des études de philosophie et d’esthétique l’amènent à enseigner la philosophie et à écrire des textes et catalogues pour divers artistes. Après un passage aux beaux-arts de Rouen, il prend le nom de Gaspard Lieb et commence à coller sur les murs des figures poétiques, proposant ainsi des rencontres urbaines éphémères.
« Rencontres urbaines »
Rouen est empreinte d’histoire littéraire et les livres de Flaubert fourmillent de lieux connus des rouennais. L’auteur a laissé des traces dans l’imaginaire des lecteurs, et changé parfois leur regard. Il s’agit pour nous d’imprimer la littérature sur la rétine du passant, de la rendre visible et vivante, en faisant apparaître Flaubert, ses mots, son visage ou même des chimères et des figures humaines librement inspirées d’extraits de son œuvre.
Il s’agira donc de peupler la ville de personnages afin de créer des rencontres poétiques au détour des rues. Les œuvres auront la forme d’affiches découpées et collées sur les murs de la ville, sur des panneaux d’affichage publics ou publicitaires. Chacune sera accompagnée d’une phrase ou d’un court texte référencé, afin de disperser des traces de littérature sur les murs. Les formats seront divers (du très petit format qu’on découvre dans un recoin, aux personnages à l’échelle réelle).
« Avez-vous jamais autant joui que dans des rêves », Souvenirs, notes et pensées intimes, f° 34 v°, G. Flaubert
CALENDRIER PRÉVISIONNEL
Du 17 avril 2015 à 31 août 2015 : FLAUBERT DANS LA VILLE
Parcours de valorisation scientifique et patrimoniale par la médiation artistique libre et gratuit dans les rues de Rouen.
Colloque « Images et imaginaires de Flaubert dans les œuvres contemporaines », le vendredi 17 avril 2015 à la Maison de l’Université :
Il s’agit d’interroger un phénomène qui dépasse l’intertextualité pour essayer de circonscrire les modalités de transmission d’une représentation d’un écrivain dont l’héritage implicite dans les œuvres est souvent invoqué clairement par les auteurs lorsqu’ils commentent leur création.
Rencontre avec les écrivains contemporains autour de Flaubert, le samedi 18 avril 2015, à l’Opéra de Rouen :
La journée réunira les auteurs et le public pour des entretiens, des lectures et une séance de dédicace. Parmi les écrivains présents : Pierre Bergougnioux, François Bon, Annie Ernaux, Davide Longo, Pierre Michon, Christine Montalbetti et Jean-Philippe Toussaint (sous réserve).
Exposition à l’Opéra de Rouen
L’Opéra de Rouen accueillera ses spectateurs avec, dans ses salons, une exposition iconographique de Damien Dauge, « Emma Bovary à l’Opéra de Rouen » et ce, du 17 avril au 2 mai et du 24 mai au 12 juin 2015. Cette mise en abîme sera également l’occasion de mettre en valeur un mode d’apparition de la ville sous la plume de Flaubert : celui du bruit, du brouhaha, de la rumeur qu’étudie Damien Dauge dans le cadre de ses recherches. De même, l’Opéra, un des lieux du parcours accueillera sur son balcon et dans l’une de ses vitrines des œuvres de certains artistes.
Exposition au Musée Flaubert d’Histoire de la médecine
Point de départ du parcours et partenaire, le Musée Flaubert accueillera le « laboratoire d’humeurs et de larmes » de Jennifer MacKay.
Exposition à l’Université : du campus à la cité
L’exposition urbaine sera partiellement reprise dans les locaux de la Maison de l’Université et plus largement sur le campus pour établir une passerelle entre l’université et la ville.
Rencontre avec l’Association des Amis de Flaubert et Maupassant, le samedi 30 mai 2015 :
Partenaire de « Flaubert dans la ville », l’Association des Amis de Flaubert et Maupassant organisera une rencontre autour de la réception pluridisciplinaire de l’œuvre de Flaubert en présence de Bernard Vouilloux, Claude Hastaire, Francine Mauger.
Exposition dans les bibliothèques de Rouen : Flaubert, graphies et dessins
La bibliothèque municipale de Rouen possède une partie des manuscrits de Flaubert et une iconothèque très riche, comprenant les portraits de l’auteur, des éditions illustrées, etc. Une exposition mettra en valeur l’aspect visuel de ces collections : graphie de Flaubert qui dessine parfois dans les marges de ses brouillons et images auxquelles l’homme et l’œuvre ont donné lieu. (Partenariat en cours et soumis au calendrier des travaux à la Bibliothèque Villon)
FLAUBERT DANS LA VILLE
La valorisation de la recherche scientifique par la médiation artistique
La recherche universitaire, en particulier lorsqu’elle concerne les sciences humaines, reste souvent confidentielle alors qu’elle se penche sur un fonds culturel et des pratiques appartenant au quotidien. Le partenariat avec différentes entités scientifiques comme le Laboratoire d’Informatique et de Traitement de l’Information des Systèmes (LITIS) et les collectivités assurera le rayonnement et la visibilité du projet. Le Centre Flaubert a multiplié les actions pour rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres et études flaubertiennes. Dans cette perspective, ce projet a pour objectif de valoriser les travaux des chercheurs en complétant les voies de communications traditionnelles par une transmission moins académique mais tout aussi stimulante. Outre son aspect ludique, la médiation artistique ouvre la possibilité d’une confrontation libre et spontanée avec le patrimoine et les recherches littéraires, entre le texte et l’image. Elle sera renforcée par une signalétique permettant l’accès à des contenus scientifiques par voie numérique, en recourant à des QR codes et, éventuellement, à une application spécifique.
La valorisation du patrimoine Rouennais
Le succès de « Normandie impressionniste » a démontré que le public était prêt à se déplacer pour de grands événements culturels. « Normandie impressionnée » prolonge cette dynamique en animant les monuments pour valoriser les richesses locales et régionales. Flaubert dans la ville propose un parcours qui met en scène les rues de Rouen et renouvelle le regard du visiteur sur son patrimoine. Sur un plan mis à disposition du marcheur, on trouvera les principaux monuments qui font écho à la vie de Flaubert : l’hôtel Dieu, le buste de Bouilhet devant la bibliothèque municipale, les vitraux de la cathédrale de Rouen et l’histoire de saint Julien qui y est associée.
À la rencontre du patrimoine et des artistes contemporains rouennais
À ce parcours patrimonial reliant les monuments et les lieux de mémoire associés à Flaubert, se superposera un autre parcours invitant à découvrir une vingtaine d’œuvres plastiques d’artistes normands (ou liés à la Normandie) contemporains : sculptures, peintures, installations, vidéos.
Intérêt pour les politiques publiques
Le projet « Flaubert dans la ville » a une vocation interdisciplinaire. Il donnera l’occasion aux différents protagonistes de la culture artistique et universitaire de transmettre savoir et création dans une configuration accessible à tous. L’éclairage nouveau porté sur l’auteur ainsi que sur l’environnement dans lequel il a créé aura un impact positif sur l’ensemble de la région et de ses acteurs. En effet, cet événement confortera la visibilité de Rouen sur le plan national, voire international.
Par ailleurs, un partenariat avec les Musées et les Bibliothèques pourra renforcer une politique menée depuis quelques années en créant une passerelle entre l’intérieur et l’extérieur, les formes d’art exposées dans les lieux institutionnels et celles qui le sont dans des lieux plus inhabituels. Il s’agit de favoriser les échanges entre le campus et la cité, les artistes et les chercheurs, les spécialistes et les amateurs.
Enfin, cet événement pourra prolonger la dynamique économique instaurée par Normandie Impressionniste et l’Armada en 2013, en attirant des touristes amateurs de patrimoine culturel et de manifestations originales. La déambulation artistique et les événements toucheront ainsi à la fois le public rouennais, en particulier les scolaires, et les visiteurs extérieurs.
Partenariats culturels et actions pédagogiques
À l’occasion de cet événement, les bibliothèques et les musées pourront proposer des expositions autour de l’auteur. Le visiteur, dont la curiosité aura été éveillée pendant le parcours, découvrirait les richesses des collections rouennaises pendant cet événement. Il sera également possible de mener de nombreuses actions pédagogiques pour permettre aux enfants et jeunes de la région de profiter de ces expositions. La déambulation donnera quant à elle l’occasion de les faire réfléchir en confrontant l’imaginaire de l’écrivain, le patrimoine et les œuvres d’art actuelles. Un partenariat avec la ville de Canteleu pourra amener le promeneur jusqu’à la bibliothèque personnelle de Flaubert et jusqu’au pavillon de Croisset.
LE CÉRÉdI ET L’ÉQUIPE DE FLAUBERT DANS LA VILLE
Le Centre d’Études et de Recherche Éditer / Interpréter est un laboratoire de recherche de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Rouen. Fondé en 1999, il réunit trente-quatre enseignants-chercheurs, vingt-sept chercheurs associés et une trentaine de doctorants en littérature française, littérature comparée et musicologie. Il est rattaché à l’École Doctorale « Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage » de l’Université de Rouen. (site internet : http://ceredi.labos.univ-rouen.fr/main/). Les activités du CÉRÉdI s’organisent autour de l’« Accès aux textes : Éditer / Interpréter ». Il se décline en quatre axes autour desquels se fédèrent les travaux de ses membres et s’organisent ses projets collectifs :
– l’édition de textes littéraires et musicaux,
– l’étude du patrimoine littéraire – spécifiquement mais non exclusivement normand
– l’interprétation des œuvres,
– l’étude des phénomènes de réécriture, de réception et de transformation des textes
Les membres du CÉRÉdI, regroupés en quatre équipes, poursuivent des recherches individuelles, mais également, pour une part très significative, participent à des projets collectifs, dans le cadre des grands axes définis en commun. Ils organisent notamment chaque année un colloque « transversal » associant, autour de son thème central, l’ensemble de ses chercheurs. Ce colloque est, comme tous ceux qu’organise le centre, largement ouvert aux participants nationaux et internationaux. Les équipes du CÉRÉdI organisent d’autre part sur les sujets qui leur sont propres des colloques et journées d’étude, et travaillent à des publications. En 2011, l’AERES a attribué au centre la notation globale de A + (Qualité scientifique et production : A +, Rayonnement et attractivité, intégration dans l’environnement : A, Gouvernance et vie de laboratoire : A +, Stratégie, appréciation du projet : A +).
« Flaubert dans la ville » entre dans plusieurs axes de recherches du CÉRÉdI. En effet, cet événement valorise le patrimoine littéraire normand, mais il permet également d’aborder les phénomènes de réécriture, de réception et de transformation des textes par la médiation d’un autre art.
COLLABORATEURS DU PROJET FLAUBERT DANS LA VILLE
Coordination du projet : Sandra Glatigny, chercheur associé au CÉRÉdI
06 72 24 64 17 – sandra.glatigny@gmail.com
Conseiller scientifique : Yvan Leclerc
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Admin (16 juin 2014). Flaubert dans la ville – Projet. CÉRÉdI. Consulté le 19 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/mjpt